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PAUL BIYA PIÉGÉ ET HUMILIÉ EN ANGLAIS AU FORUM DE PARIS

Invité au forum de la paix à Paris, l’image du chef d’État camerounais s’est considérablement dégradé à l’international. Hué et pourchassé à l’hôtel Meurice par les activistes camerounais, Paul Biya est apparu très épuisé, marchant en titubant au perron de l’Elysée, et incapable de monter seul les petites marches d’escalier.

Le lendemain, non seulement il s’est endormi en pleine salle devant d’autres chefs d’État et de gouvernement, mais sa prestation au débat a démontré ses limites en anglais, alors qu’il est président d’un État bilingue depuis 37 ans. Devant le monde entier, Paul Biya dont on dit avoir fait des grandes études en sciences politiques, et qui prétend promouvoir le bilinguisme dans son pays,ne comprend et ne parle pas anglais! Quel paradoxe !

Mardi, Paul Biya est invité sur un plateau pour  une conférence débat animé par le milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim . Le modérateur  interroge le chef de l’Etat camerounais, sur ses efforts pour un retour de la paix dans au Cameroun, et particulièrement dans les régions   anglophones. Premier  embarras pour le chef de l’Etat camerounais de donner une réponse en anglais. Il balbutie, mélange le français, l’anglais, et même baragouine le camfranglais.

Mal à l’aise, Paul Biya fait semblant de sourire, fait des grands gestes de bras pendant que ses pieds glissent sous la chaise. Chose curieuse  la question est posée au patriarche des chefs d’État  au moment où le casque de traduction rencontre un problème technique. Très ambarassé, Paul Biya qui a prêté son premier serment en anglais le 6 novembre 1982 comme président de la république Unie du Cameroun, laisse entendre qu’il a des difficultés avec son casque et ne comprend même pas la question de son interlocuteur assis devant lui.

Après  un grand silence dans la salle, Paul Biya  est aidé par la secrétaire générale de la francophonie qui joue la traductrice. Bien avant, Mo Ibrahim, le modérateur de circonstance a invité le président camerounais à donner son avis sur la situation sécuritaire du continent. Au lieu de débattre, Paul Biya qui a accordé moins de cinq interviews depuis son accession au pouvoir, et n’a jamais accepté participer à un débat contradictoire, sort un discours écrit d’avance,  comme ses messages pré-enregistrés à la CRTV.

Plus cocasse , le modérateur  rappelle à Paul Biya  qu’il dispose seulement de deux minutes.  » Deux minutes ? « ,  lance le chef de l’Etat camerounais totalement  surpris.  » Oui deux minutes monsieur le Président. Je sais que vous êtes un président mais ici nous sommes tous égaux et, si cela ne vous dérange pas, nous sommes de la société civile et nous les patrons pour un moment « , répond  d’un ton humoristique, Mo Ibrahim. Crime de lèse majesté! Paul Biya , lors d’une  interview à la CRTV face au journaliste Éric Chinje , l’avait défié :  » il me suffit d’un coup de tête « , découvre qu’il n’est plus chez lui où les journalistes et la société civile lui déroulent le tapis.

Deuxième couac, Paul Biya s’est mélangé les pinceaux sur l’histoire du Cameroun :  » L’histoire de mon pays est compliquée. Nous avons été d’abord colonie allemande ensuite, après la première guerre mondiale, l’Allemagne a perdu ses colonies. Et celles-ci ont été partagées entre la Grande Bretagne et la France. Et mon pays a été divisé. Une partie était sous colonisation britannique et l’autre sous colonisation française. », a déclaré  le président camerounais. Or, le Cameroun n’a jamais été une colonie française.

Rappel d’histoire: c’est à partir de 1820 que la côte camerounaise est régulièrement fréquentée par les navires européens. Les premiers traitants qui cherchaient l’ivoire et l’huile de palme et étaient Anglais, mais très vite une maison allemande — Woermann — devait s’imposer. Dès 1883 le Reich commença à négocier des acquisitions territoriales avec les chefs locaux. Aussi en 1886 la France et la Grande-Bretagne s’engagèrent-elles par traité à ne pas concurrencer l’Allemagne dans cette partie de l’Afrique.

Sous l’autorité du gouverneur Putikammer, de 1895 à 1907, le Kamerun va prospèrer avec, le premier chemin de fer qui fut lancé en 1906. Lorsque la première guerre mondiale va éclater, le port de Douala était en cours de construction.

En 1916, un corps expéditionnaire comprenant des Belges, des Anglais et des Français vint à bout de la dure résistance des 3 500 soldats allemands cantonnés au Cameroun. A la suite de l’accord du 4 mars 1916, la Grande-Bretagne laissa à la France l’administration des 4/5 ème  du territoire, décision maintenue après le traité de Versailles de 1919.

Le Cameroun reçut son statut particulier par un décret du 23 mars 1921. Et par l’acte de Londres la Société des Nations confirma le mandat de la France, le précisant par l’article 22 du traité de paix.

Après la deuxième guerre mondiale, le statut du Cameroun fui un statut de tutelle, approuvé par l’Assemblée des Nations unies le 13 décembre 1946, à la demande de la France. Administré selon la législation française, mais sous le contrôle de l’O.N.U., le Cameroun fut toujours considéré comme un territoire-pilote au point de vue politique. De ce fait il bénéficia très vite d’une large autonomie et fut doté avant les autres territoires de l’Afrique française d’une assemblée législative et d’un gouvernement.

Dès 1958, à la suite d’une guerre odieuse menée par la France  contre les nationalistes et l’assassinat des leaders de l’UPC, les discussions sont menées entre les représentants camerounais et le gouvernement français. Le principe de l’accession à l’indépendance à la date du 1″ janvier 1960 était admis. A cette époque déjà le haut commissaire, qui représentait à Yaoundé la République française, s’occupait que des questions diplomatiques, militaires et monétaires.

Paul Biya, qui n’a participé à aucune revendication d’indépendance des étudiants camerounais à Paris, considère  le Cameroun comme une colonie française. En fait, il n’a pas tord, puisque lui-même, à 87 ans, se considère  comme  » le meilleur élève de la France  » et d’Emmanuel Macron !

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