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LE JOURNALISTE MICHEL BIEM TONG ÉCROUÉ À LA PRISON CENTRALE DE YAOUNDÉ

Arrêté depuis le 23 octobre, cruellement torturé, souffrant de grippe, le journaliste camerounais Michel Biem Tong a été présenté devant le Tribunal militaire. Alors qu’on annonçait son retour au Secrétariat d’État à la Défense avec un dossier vide, il a été conduit aujourd’hui à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé.

Contrairement à l’affaire Mimi Mefo qui a fait beaucoup de bruits et poussé le gouvernement à abandonner les poursuites judiciaires contre la journaliste de la chaîne Équinoxe, Michel Biem Tong,  arbitrairement arrêté dans la journée du 23 octobre 2018 par le colonel Émile Joël BAMKOUI, chef de division de la sécurité militaire, est longtemps resté  séquestré dans des conditions inhumaines, dans une caserne militaire, au Service Central des Recherches Judiciaires (SCRJ) du Secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale, sans bénéficier de la mobilisation et des campagnes d’indignation. Et le voilà envoyé en prison en toute discrétion.

Le cyber-journaliste  a fait une série d’articles bien documentés  pour dénoncer les multiples exactions de l’armée camerounaise dans les zones anglophones du Cameroun. Poursuivi pour « apologie du terrorisme et incitation à l’insurrection », il risque la peine de mort prévue par l’article 2 de la Loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme ;

C’est jeudi 25 octobre 2018 que le cyber journaliste a été auditionné  par l’adjudant-chef en charge de l’enquête au SCRJ, en présence d’un collège d’avocats dépêchés par Mandela Center International. Il a été déféré au Tribunal Miliaire de Yaoundé  pour la première fois, le lundi 29 octobre et le Commissaire du gouvernement a prorogé sa garde à vue de 48h. Il a été présenté, à nouveau, devant le Commissaire du gouvernement le mercredi 31octobre. Après 45 minutes , ce dernier a ordonné un soit fait retour pour demander une expertise aux fins d’authentifier le fameux enregistrement audio d’environ deux minutes attribué à Michel Biem Tong.

Aucune authentification, ni preuve matérielle contre le journaliste. Et malgré l’expiration, depuis le mercredi 07 novembre 2018, du délai de garde à vue de 15 jours prévu à l’article 11 de la Loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme, il est resté séquestré tel un otage durant près d’un mois sans visite de la famille, ni soins médicaux.

Selon l’article 3 (1) de la Loi N°2005/007 portant Code de Procédure Pénale du 27 Juillet 2005, « La violation d’une règle de procédure pénale est sanctionnée par la nullité absolue lorsqu’elle préjudicie aux droits de la défense définis par les dispositions légales « . Au lieu de libérer Michel Biem Tong, le régime le jette illégalement en prison. La liberté d’expression et les journalistes camerounais descendent dans les abîmes de la dictature au Cameroun.

J. RÉMY NGONO

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