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FARIDA BEMBA DÉNONCE BIYA DE MASSACRER LES ANGLOPHONES POUR LES INTÉRÊTS DE LA FRANCE

Le degré de souffrance que j’ai vu dans la partie Ouest du Cameroun anglophone m’a laissé tout simplement abattue. J’ai vu des femmes enceintes qui n’ont rien à manger et leurs enfants non plus, depuis des jours. Beaucoup on perdu leurs maris dans cette guerre qu’elles ne comprennent pas.

En dehors des rebelles de l’Ambazonia qui combattent l’armée camerounaise, des gangs armés sont nés de part et d’autre et sèment la terreur.
Il m’a fallu des jours pour digérer les témoignages des femmes que j’ai eu à rencontrer. Dans la forêt où se cache de milliers de personnes dans le froid glacial de cette saison pluvieuse en région montagneuse, les gens n’ont rien à manger et n’ont aucun support humanitaire. Les femmes utilisent les feuilles pour leurs règles  car n’ayant aucune serviette hygiénique . Des femmes ont enterré elles- mêmes leurs enfants et époux qui ont été massacrés dans les villages.

Cette femme que vous voyez avec moi sur la photo ci-contre s’appelle Shaila, elle est mère de 3 enfants, enceinte de 8 mois. Son mari a été tué chez eux dans leur village il y a bientôt quatre mois. Leur village entier a été brûlé et elle a vécu des mois avec ses enfants dans la forêt avec des milliers d’autres personnes. Quand je l’ai rencontré, elle s’apprêtait à retourner dans la forêt en espérant y trouver à manger malgré les risques d’accoucher durant le trajet à parcourir. Nous n’avons rien à manger m’à-t-elle dit. Bien que je lui ai fourni un peu de ressources pour pouvoir offrir à elle et ses enfants de quoi manger et de quoi commencer une petite activité génératrice de revenus, je sais que ses besoins sont bien plus énormes et qu’elle n’est pas la seule.

Il n’y a pas un seul jour où je ne pense au sort de ces pauvres femmes et enfants victimes d’une guerre ridicule qui puise sa source dans la domination française. Le Cameroun est à pleurer. Les personnes déplacées sont aujourd’hui estimées à plus de 200 mille. La majorité sont des femmes et enfants et il n’y a aucune structure en place pour leur apporter de l’aide humanitaire.

Tout ce conflit tire sa source de cette colonisation qui permet à d’aucuns d’opprimer les autres. Dans le Cameroun de l’Ouest riche en ressources naturelles quasi totalement exploitées par la France, les gens sont révoltés par une exclusion systémique causée par le désir de l’administration Biya , suppôt de la puissance coloniale hexagonale, de les assimiler. Sur les 22 millions de terres arables au Cameroun, 10 millions ont été vendues par le gouvernement de Paul Biya aux compagnies multinationales françaises et américaines.  Voilà un monsieur qu’on présente comme panafricaniste, qui laisse les impérialistes piller son pays et déposséder les paysans de leurs terres afin de se payer des suites de luxes en Suisse.

Il y a plus de 8 millions de personnes qui vivent dans la partie Ouest du Cameroun et au total les rebelles sont estimés à 6000. Pourtant durant mon séjour au Cameroun, dans la partie francophone, j’ai senti une animosité vis-à-vis  des anglophones; à croire que dès lors que certains ont demandé la sécession, eux tous étaient des ennemis et devraient être exterminés.

La guerre qui s’y passe laisse des sueurs froides dans les dos. Il y a des militaires partout qui fouille chaque véhicule qui passe et sont d’une aggressivité sans parallèle dès qu’on leur adresse la parole en anglais. Pendant qu’une élite totalement déconnectée des populations locales se chamaille sur des détails, il y a un véritable massacre des populations .

J’étais là quand le BIR ( Bataillon d’Intervention Rapide) a ouvert le feu sur des jeunes à peine sortis de l’adolescence qui étaient juste assis dans leur quartier. Tous moins de 25 ans ont succombé à leurs blessures. Les soldats sont retournés ensuite dans l’hôpital où leur corps ont été laissés pour voler les cadavres. Il paraît qu’ils enterrent ceux qu’ils peuvent dans la brousse afin de ne pas laisser les traces de leurs crimes.

Je n’arrive toujours pas à croire que des gens puissent avoir la gâchette aussi facile et tuer des milliers de personnes dans un silence total.

Farida Bemba Nabourema ( Activiste togolaise et panafricaniste)

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