PLUS DE 10 383 MIGRANTS AFRICAINS MORTS EN MÉDITERRANÉE
Partir de l’Afrique pour n’importe quelle destination en prenant tous les risques possibles, c’est le challenge de jeunes du continent où l’avenir et la vie appartiennent à une caste de vieux dirigeants et leur descendance au pouvoir à vie. Face au désespoir, les Africains font le tour du monde et préfèrent même aller tenter leur chance dans des îlots perdus , en Asie, et maintenant en Amérique latine.
Un bateau de pêche à la dérive, transportant à son bord 25 migrants africains et deux brésiliens a été sauvé au Nord-Est des côtes brésiliennes, au port de Maranhão. Les migrants africains composés de Sénégalais, de Nigérians, de Guinéens, de Sierra-léonais et de Cap-verdiens avaient versé de l’argent aux deux passeurs Brésiliens pour être transportés clandestinement au pays de Pelé pour aller se débrouiller là où ils n’avaient aucune connaissance pour les acceuillir, selon les autorités.
Par ailleurs, 217 migrants africains étaient entrain de couler en pleine mer en début de semaine. Ils ont été sauvés de justesse alors qu’ils tentaient de traverser le détroit de Gibraltar.
Les services espagnols de sauvetage en mer ont annoncé qu’ils ont secouru, au cours de la seule journée de lundi ces 217 migrants dont un bébé et 24 femmes, qui tentaient de gagner l’Espagne à bord de 10 embarcations parties d’Afrique.
C’est à bord de l’une de ces embarcations artisanales que les sauveteurs espagnols ont trouvés 55 personnes désespérées, lesquelles ont été transportées jusqu’à Almeria en Andalousie. « Les autorités marocaines ont annoncé qu’elles avaient secouru 80 personnes, à bord de quatre embarcations, et les avaient conduites à Tanger », a également rapporté l’établissement public espagnol.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les migrants africains qui tentent ainsi la traversée vers l’Espagne sont de nationalités diverses. Malheureusement leur parcours s’arrête dans les profondeurs du cimetière de la méditerranée.
Au total, 635 personnes sont mortes ou ont disparu dans l’ensemble de la méditerranée depuis janvier 2018. Au moins 217 ont péri en passant par l’ouest de la Méditerranée, selon un bilan au 21 mai de l’OIM. Mais en réalité, c’est déjà plus d’un millier de morts depuis le début de l’année puisque l’OMI ne prend en compte que 50% des morts enregistrés par le projet Missing Migrant.
À la veille du mini-sommet sur la crise migratoire qui a eu lieu à Paris en décembre 2016, le chef d’État nigérien Mahamadou Issoufou affirmait: 《rien qu’entre 2015 et 2016, il y a eu 6500 morts, sans compter tous ceux qui succombent dans le désert 》. Selon les données de l’OIM, 3027 migrants africains avaient péri dans la méditerranée en 2015 et 3602 en 2016, soit un total de 6629 morts. En 2017, 3119 migrants africains ont également trouvé la mort en Méditerranée. Si on se base rien que sur le décompte de l’Organisation Internationale sur les Migrations, 10383 Africains sont morts en méditerranée en moins de 3 ans! Et si on compte les autres disparus, c’est le double.
L’Espagne occupe la troisième place du hit parade en 2017 d’entrée en Europe après l’Italie et la Grèce. Hélas, l’Europe est devenue le purgatoire des Africains et La méditerranée leur cimetière. L’Association pour les droits humains d’Andalousie (APDHA) avait assuré dans un communiqué que « depuis le début de l’année 2018, le nombre de personnes mortes en tentant de gagner l’Espagne a augmenté de 150 % ».
Alors que la cloche de l’enfer du cimetière la mer carillonne dans leurs oreilles , les jeunes Africains préfèrent se jeter dans le ténébreux chemin du désert, de l’esclavage en Libye et du naufrage en Méditerranée, avec un courage incroyable. Quand ces jeunes Africains auront le même courage pour descendre ensemble dans les rues , exiger le départ de ces dirigeants africains protégés par leurs armées , il y aura certes des morts, mais ils entreront dans l’histoire comme les héros de la révolution et de la libération. À quoi bon fuir le gaz lacrymogène chez soi pour aller mourir de soif au désert ou noyé au fond d’un océan? Comme le disait George Courteline en 1917: 《 il vaut mieux gâcher sa jeunesse dans le combat contre la tyrannie et la dictature que de n’en rien faire du tout》.
J. RÉMY NGONO