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LES MENSONGES D’ÉTAT SUR LE PORT DES MASQUES CONTRE LE CORONAVIRUS

Mensonge d’État.” Libération ne prend pas de pincettes dans son édition du 28 avril et dénonce, avec plusieurs éléments à l’appui, le fiasco du gouvernement à propos des masques de protection. Une incurie cachée par l’exécutif, selon le quotidien, grâce au prétexte d’un débat scientifique sur l’utilité de ces protections pour la population.

Car au début de l’épidémie de coronavirus, les responsables sanitaires nationaux -du directeur général de la Santé Jérôme Salomon, au ministre de la Santé Olivier Véran- n’ont cessé de se relayer dans les médias pour dire qu’il n’y avait aucun risque de manque. Et ce en dépit des témoignages toujours plus alarmants de professionnels de santé travaillant sans protection au contact des malades.

La situation de quasi-pénurie a désormais été reconnue par le gouvernement, qui s’est employé à commander des masques à la Chine notamment. Reconnue, mais pas assumée pour autant. Les stocks sont trop bas? La faute aux dirigeants précédents et à un changement de doctrine en la matière, répétaient à l’envi les membres du gouvernement, le ministre de la Santé en tête. Libération montre, ce mardi, que c’est en partie faux.

Le quinquennat de François Hollande n’a certes pas été exemplaire sur la question des masques. Selon le quotidien, une seule commande de 100 millions d’exemplaires (sur cinq prévues normalement) a été passée pendant la présidence du socialiste.

La ministre de l’époque Marisol Touraine confirme à demi-mot ne pas avoir concentré ses achats sur les masques, alors que sévissait notamment le virus Ebola. Reste que sur le stock de 700 millions d’exemplaires mis en avant par l’ancienne ministre, seuls 100 millions étaient encore utilisables à la fin du mandat de François Hollande.

Un niveau alarmant dont le gouvernement d’Édouard Philippe avait conscience. L’ancien directeur de Santé publique France de 2016 à 2019 François Bourdillon confirme en tout cas au quotidien que son organisme a alerté le ministère de la Santé à au moins deux reprises sur la question. Un premier rapport, rendu en 2018, est catastrophique: les seuls masques restant à l’époque se périmaient alors quelques mois après.

″À ce moment-là, il y a eu des réunions au ministère pour estimer ce qu’il fallait commander”, raconte François Bourdillon avant de poursuivre: “Et puis, j’ai reçu une instruction de commande de la DGS d’une faible quantité, qui ne permettait pas de remonter le niveau du stock. Il a été décidé à ce moment-là de ne pas reconstituer le milliard de masques.” Et le professeur de souffler: “Certains ont considéré qu’un stock de masques pour la population n’était pas si important que ça.”

Quelques mois plus tard, en 2019, des experts de Santé publique France rendent un même avis expliquant que rien n’amène à “modifier les recommandations émises” par le passé.
“Nous, on est là pour exécuter les instructions, mais quand on remet un rapport d’expertise externe au ministère, c’est une forme de demande… Cet avis était fait pour ça, c’était un rapport de décision, ce n’était pas fait pour être rangé dans un placard”, regrette François Bourdillon, tandis que ni Agnès Buzyn -ministre de la Santé à l’époque- ni Jérôme Salon n’ont souhaité répondre aux questions de Libération.
Quoiqu’il en soit, maintenant que de larges commandes sont passées à la Chine et que des chaines de production françaises se concentrent sur la production de masques, le gouvernement commence à en reconnaître l’utilité pour la population. Après avoir tantôt dit qu’ils étaient inutiles, tantôt trop difficiles à porter.

Loin d’assumer un changement de doctrine politique, la majorité estime que c’est en fait un revirement scientifique. C’est ce qu’a expliqué le député LREM Sylvain Maillard ce mardi matin sur BFMTV. “Je comprends qu’on puisse s’étonner d’un changement de doctrine, c’est le cas. Mais le changement n’est pas politique, il est scientifique, a indiqué l’élu. Les mêmes scientifiques qui ne parlaient pas ou disaient que le masque ne devaient servir qu’aux soignants sont en train de nous dire l’inverse”.

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