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LES FORCES DE SÉCURITÉ AUTORISÉES À TIRER SUR TOUT CE QUI BOUGE CONTRE ALPHA CONDÉ

 

C’est désormais officiel : en Guinée, les gendarmes sont autorisés  tirer à bout portant  sur tout obstacle et toute menace imminente. Les forces de sécurité sont couvertes par une nouvelle loi adoptée par l’Assemblée nationale, et peuvent donc tuer les civils et manifestants hostiles au régime d’Alpha Condé.

De 2010 à 2017, plus de 80 personnes avaient  été tuées par balles à Conakry. Le Procureur de Mafanco  avait déclaré que les agents du maintien d’ordre n’utilisaient pas les armes à feu. Mais un gendarme avait démenti ses propos.

« C’est archi-faux. En matière de maintien d’ordre, les policiers ou les gendarmes, chacun utilise des armes à feu s’ils trouvent que ça ne va pas. Souvent le maintien d’ordre se passe de façon arbitraire. Supposons qu’on dise que demain, il y a une manifestation, le dispositif se prépare à 4 heures du matin. C’est là-bas qu’on reçoit tous les ordres initiaux pour la planification des différents escadrons, mobiliser les différentes CMIS (compagnies mobiles d’intervention et de sécurité) sur le terrain. En fonction de ça, les forces prennent les armes conventionnelles et certaines armes à feu qu’ils mettent à l’intérieur de leurs pick-up. On met souvent les armes à l’arrière entre les sièges (…). S’ils voient que la population est très agitée contre eux et qu’ils n’arrivent pas à maitriser la foule, en ce moment, ils utilisent les armes à feu (…) Ce sont les chefs hiérarchiques mêmes qui prennent les armes pour leur remettre. Aucun subordonné n’ose prendre des armes sans le consentement de son chef. », avait témoigné le gendarme.

 

En prévision des manifestations contre son troisième mandat, Alpha Condé a fait voter une loi pour donner le droit aux gendarmes  d’abattre les opposants comme la volaille. La commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, dans l’exposé des motifs en plénière, a déclaré que cette loi vise à protéger les Guinéens contre le terrorisme, les prises d’otages et tous les cas dans lesquels un d’entre eux se retrouve face à un danger.

Dans ces cas de figure, la loi autorise les gendarmes guinéens à tirer à vue. aucune poursuite judiciaire ne leur sera opposée.

Les juristes ont appelé les autorités guinéennes à privilégier la promotion des questions des droits humains et des conventions internationales relatives aux droits de l’homme auxquelles la Guinée a souscrit. 113 députés guinéens ont néanmoins refusé à voter cette loi liberticide et antidémocratique.

Les organisations de défense des droits de l’homme redoutent que les gendarmes ne se servent de cette loi pour tuer impunément dans le contexte actuel, marqué par la polémique autour d’une nouvelle Constitution et un troisième  mandat du chef de l’Etat guinéen plus que jamais en téléchargement.

J. RÉMY NGONO

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