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LE JOUR OÙ PAUL BIYA A VALIDÉ LA SÉCESSION AU CAMEROUN

Par Michel Biem Tong, Web-journaliste en exil

Telles de vierges outragées, Biya Paul, ses sécurocrates et les faucons de son régime ne cessent de crier au « terrorisme » en zone
anglophone. Ils ne cessent d’évoquer les « terroristes sécessionnistes » à chacun de leur discours sur la crise. Ils ne cessent d’accuser ces derniers de toutes les plaies d’Egypte. Pourtant, c’est Biya en personne qui a légitimé la cause que défend en ce moment une bonne majorité des populations anglophones. C’est lui et son régime qui lui ont donné de bonnes raisons de croire qu’elle avait pleinement le droit de revendiquer la restauration du British Southern Cameroons,
cet Etat qui, malgré la tutelle de l’ONU, a existé comme tel entre octobre 1953 et le 1er octobre 1961, date de l’indépendance de cet
Etat laquelle devait se traduire par un rattachement à la République du Cameroun (ex-Cameroun oriental français).

En effet, en janvier 1983, sans consulter le parlement ni les leaders politiques anglophones de l’époque, Paul Biya a changé l’appellation de République Unie du Cameroun en République du Cameroun, par décret. Un retour à l’appellation de l’ex-Cameroun oriental français au moment
de son accession à l’indépendance le 1er janvier 1960. Une forme de «
sécession » de fait. De quoi donner de bonnes raisons aux Anglophones de revendiquer eux aussi le retour au British Southern Cameroons surtout que suivant un principe de droit international sur la création et l’extinction d’un Etat, lorsque deux Etats se mettent ensemble pour
créer un Etat et que cette union est dissoute, les deux Etats retournent chacun à la case départ (ex-URSS, Sénégambie, etc.).

Le 1er janvier 2010, Paul Biya fait organiser par son fidèle des fidèles, Martin Belinga Eboutou (décédé récemment), le cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun. Or seul l’ex-Cameroun oriental sous mandat de l’ONU administré par la France a obtenu son indépendance le 1er janvier 1960. En organisant le cinquantenaire à cette date, le pouvoir de Yaoundé a lui-même reconnu qu’il existe 2 Camerouns. Il a consacré la « partition du pays », reconnu qu’il existe une frontière internationale entre les deux Camerouns depuis 1931 et entériné le droit à l’autre Cameroun de célébrer aussi le cinquantenaire de son
indépendance.

Le 20 mai 2010, après avoir présidé le défilé de la fête nationale au boulevard du 20 mai à Yaoundé, Paul Biya reçoit au palais de l’Unité une délégation de fonctionnaires de l’ONU conduite par le président de l’Assemblée Générale de l’ONU de l’époque, Ali Triki. Un Camerounais au nom de Jean Victor Nkolo en fait partie. Les fonctionnaires onusiens sont munis, devinez quoi, de deux cartes du Cameroun : celle de la République du Cameroun et celle du Southerns Cameroons aka «Ambazonie ». En plein palais de l’Unité un jour de fête de l’unité nationale ! Paul Biya n’a pas crié au scandale ni protesté !

De quoi les nombreux soutiens du pouvoir de Yaoundé se plaignent-ils
donc aujourd’hui dès lors que leur champion a lui-même donné une légitimité à la lutte du peuple anglophone pour sa totale indépendance ? Pourquoi Paul Biya a donc déclaré la guerre à ceux qu’il a lui-même appelé « terroristes sécessionnistes » alors qu’il leur a donné des armes légales pour revendiquer l’Etat dont la carte lui a été présentée le 20 mai 2010 par des fonctionnaires de l’ONU ? Au fait, qui finalement est le véritable sécessionniste?

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