Amérique Politique

BRAS DE FER: DONALD TRUMP BLOQUE LA TRANSITION

Donald Trump n’a  pas l’intention de reconnaître sa défaite. La porte parole de la Maison-Blanche a pris la parole ce 9 novembre en accusant le camp démocrate d’encourager les votes « illégaux » et la fraude et estimant, à titre personnel, que l’élection n’était « pas terminée. » La chaîne Fox News a même décidé de couper le discours de Kayleigh McEnany pour y apporter des rectifications. L’isolement du président sortant serait de plus en plus grand.

Donald Trump n’a toujours pas pris publiquement la parole depuis l’annonce de la victoire de Joe Biden, mais se montre toujours aussi actif sur Twitter, pour relayer des messages en sa faveur. Durant la nuit, il s’est attaqué à Fox News et partage toujours le contenu d’un site d’extrême droite, Breitbart News.

L’actuel locataire de la Maison Blanche et ses avocats ont déposé des recours judiciaires dans plusieurs États et ont demandé plusieurs recomptages des bulletins depuis le vote du 3 novembre. Ces procédures ont toutefois peu de chances de renverser l’issue de l’élection. Toutefois, le ministre américain de la Justice Bill Barr a donné son feu vert lundi à l’ouverture d’enquêtes sur d’éventuelles irrégularités. Pendant ce temps, le processus de transition mis en place par Joe Biden est bloqué par la directrice des services généraux de l’administration américaine qui reste fidèle à Donald Trump.

C’est «la femme la plus puissante de Washington (pour le moment)». Selon le média Politico, Emily Murphy, la directrice des services généraux de l’administration américaine (General Services Administration, GSA en anglais), tient entre ses mains le pouvoir de reconnaître l’élection de Joe Biden. Et pour l’instant, elle ne semble pas prête à sauter le pas. Elle refuse de signer une lettre autorisant les équipes du démocrate à commencer à travailler à la passation de pouvoirs. Sans cela, impossible d’obtenir les financements fédéraux nécessaires pour mettre sur pied la nouvelle administration gouvernementale ni faire un point sur les sujets confidentiels avec les agents en place.
Emily Murphy se trouve dans une bien mauvaise posture. Sa signature consisterait en une reconnaissance officielle par le gouvernement fédéral de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine. Difficile à concéder alors que Donald Trump martèle que sa réélection lui a été volée et qu’il a largement remporté le scrutin. D’autant que c’est Trump lui-même qui a nommé Emily Murphy.

«Aucun vainqueur n’a été clairement déclaré», a temporisé Pamela Pennington, la porte-parole des GSA. En effet, tant que le collège électoral ne s’est pas réuni pour voter, ce qu’il fera le 14 décembre, le president-elect n’est annoncé «que» par les médias. Lors des élections précédentes, cette annonce suffisait pourtant aux GSA pour enclencher le processus de transition. D’après les informations du Washington Post, Trump a tout de même autorisé ses principaux collaborateurs à participer au processus de transition à condition que cela reste confidentiel.

En refusant de signer, la directrice des GSA réaffirme sa loyauté envers le président Trump. Ce n’est pas la première fois qu’elle le protège ainsi. En 2018, les démocrates l’ont accusée d’avoir donné des réponses incomplètes à propos de l’affaire du déménagement des locaux du FBI. Un déménagement qui était en bonne voie avant que les GSA et Donald Trump décident soudain d’y renoncer, provoquant la colère des démocrates qui y travaillaient depuis plus de dix ans. Selon plusieurs médias américains, le Président est directement intervenu pour que le FBI reste dans ses locaux actuels. Trump craignait qu’ils ne soient transformés en hôtel, ce qui aurait pu concurrencer le sien, situé dans la même rue à Washington. Devant le Congrès, Emily Murphy a déclaré que l’annulation du déménagement avait été décidée par les GSA, sans intervention du Président, alors que plusieurs documents ont ensuite prouvé le contraire.

Une seconde controverse concerne une nouvelle fois l’hôtel de Trump à Washington. Les GSA d’Emily Murphy l’ont autorisé à conserver le bail de l’hôtel, qui occupe un bâtiment fédéral, ignorant la Constitution. En effet, le Président ne peut recevoir de fonds étrangers sans permission expresse du Congrès. Or son hôtel accueille régulièrement des chefs d’Etats internationaux, donc par le biais de ce bail, signé avant qu’il ne soit élu, Trump perçoit effectivement des fonds venus d’autres pays.

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