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BOB DENARD, LE MERCENAIRE FRANÇAIS DANS TOUS LES COUPS D’ÉTAT EN AFRIQUE

Le 16 janvier 1977, au petit matin, un groupe de mercenaires conduit par le français Bob Denard débarque à l’aéroport de Cotonou, la capitale du Bénin. « L’opération crevette » a pour mission de renverser le régime du Président marxiste-léniniste Mathieu Kérékou, de l’éliminer pour installer des opposants béninois en exil en France.

L’opération sera un fiasco. Les putschistes ne connaissent pas la ville de Cotonou et les éléments de la gendarmerie ainsi que des commandos parachutistes dont ils espéraient le soutien sur place ne bougent pas. Très vite, les premiers coups de feu retentissent.

Les mercenaires attaquent les points névralgiques du pouvoir : le camp militaire Ghézo, situé en plein Cotonou et à proximité de l’aéroport, et le Palais de la Marina, résidence présidentielle de Mathieu Kérékou. C’était sans compter sur la vigilance de l’armée Béninoise. La garde présidentielle riposte férocement. Une délégation nord-coréenne séjourne au Bénin et des militaires de Corée du Nord sont présents pour la sécurité des officiels. En vertu d’accords de coopération entre les deux républiques socialistes, les Corréens entrent dans la danse et la lourde riposte de ces derniers aux tirs des agresseurs change totalement la donne.

La situation devient alors rapidement intenable pour les hommes de Bob Denard. Ceux-ci remontent rapidement dans leur avion et direction de Franceville au Gabon, laissant sur le sol béninois quelques mercenaires.

Le 17 septembre 1971 alors qu’il se trouve en visite à Libreville, l’intellectuel et ambassadeur gabonais Germain M’Ba est assassiné en pleine rue de Libreville par deux mercenaires blancs qui l’abattent à coups de pistolet et emportent son corps. Son corps ne sera jamais retrouvé. Il est assassiné sous les yeux de sa femme et sa fille qui elles seront grièvement blessées. Cet assassinat a été piloté par un certain Bob Denard.

 

Mais qui est ce Bob Denard ?

Bob DENARD est un mercenaire Français impliqué dans plusieurs coups de force en Afrique et notamment aux Comores. C’était le bras armé de l’Etat Français pour réaliser des sales besognes et des coups foireux en Afrique. Il a été impliqué dans les renversements de plusieurs régimes africains. Il va œuvrer en Afrique de la période des indépendances vers 1960 jusqu’en 1995.

Plusieurs opérations à son actif dans plusieurs pays : Congo, Yémen, Benin, Gabon, Iran, Nigeria, Gabon, Angola, Cabinda et aux Comores. Anti-communiste farouche, il est très proche des milieux de l’extrême droite.

Intégré dans les réseaux Foccart, de 1960 à 1963, il œuvre comme chef de guerre aux côtés du sinistre Moïse Tshombé qui vient de déclarer l’indépendance du Katanga. D’août 1963 à la fin 1964, il combat au Yémen avec les royalistes pour le compte du MI6. En fin 1964, il revient dans l’ex-Congo belge et prend la tête du 1er choc pour combattre aux côtés des troupes congolaises la rébellion menée par Gbenie, Soumialot et Mulele. Il fait la guerre pour de l’argent. Il tue pour du fric.

Le théâtre de ses exploits c’est l’Afrique. En 1975, il combat pour le compte du MI6 en Angola aux côtés de l’UNITA de Jonas Savimbi. Il connaitra une déroute.

Le pays dans lequel Bob Denard fera le plus parler de lui, ce sera aux Comores où il va même s’autoproclamer vice-roi des Comores.

Sous ordre de la France, il intervient aux Comores pour réaliser un Coup d’Etat. En septembre 1975, il arrête le président Ahmed Abdallah et le remplace par Ali Soilih.

En 1977, il rencontre en Afrique du Sud l’ancien Président des Comores Ahmed Abdallah qu’il avait renverser deux ans plus tôt ; il lui propose de l’aider à retrouver son fauteuil présidentiel. Le deal est scellé et Bob Denard passe à l’action. Il débarque en 1978 aux Comores avec plusieurs mercenaires au bord d’un ancien navire océanographique. Anti-communiste assumé, il renverse le président marxiste révolutionnaire Ali Soilih qu’il avait installé au pouvoir deux ans plus tôt et rétablit alors au pouvoir l’ancien Président Ahmed Abdallah qui se la coulait douce à paris. Le Président Ali Soilih est exécuté d’une balle dans la tête à le 29 mai 1978 au cours d’une simulacre d’évasion.

Bob Denard devient le nouvel homme fort des Comores. Abdallah gouverne mais c’est Denard qui commande en réalité. Il a en charge l’organisation de la garde présidentielle Comorienne. Tout puissant dans ce pays, il décide de s’y installer pour un bon moment. Pendant 10 ans, le mercenaire et ses hommes règneront sans partage sur cet archipel. Il se marie et se convertit à l’Islam sous le nom de Saïd Moustapha M’Hadjou. Il aura 2 épouses selon la tradition musulmane.

Denard se lance dans les affaires. Il utilise les Comores comme une base arrière du régime raciste d’Afrique du Sud. Les Comores deviennent la plaque tournante d’un trafic qui permet à l’Afrique du Sud alors sous embargo international de se fournir en armes. Les Comores se transforment en une base logistique pour les opérations militaires que le régime de l’apartheid mène contre les pays qui lui sont hostiles. En échange, l’Afrique du Sud s’occupait des salaires de la garde présidentielle comorienne.

Bob Denard va veiller personnellement sur la sécurité du Président Ahmed Abdallah jusqu’à la mort de ce dernier. En effet, craignant un coup d’Etat, le Président Ahmed Abdallah sous conseil de Bob Denard va signer un décret demandant à sa garde présidentielle commandée par Bob Denard de désarmer les forces armées. Quelque temps après ce décret, un officier furieux va débarquer dans le bureau du Président et va l’abattre froidement.

L’emprise de Bob Denard sur les Comores était tel qu’il se rêvait déjà calife à la place du calife. Et Paris souhaitait bien placer Denard à la tête de l’Archipel. Denard est accusé d’avoir fomenté l’assassinat du Président Abdallah pour prendre sa place. Accusé du meurtre du Président, Bob Denard négocie son départ pour l’Afrique du Sud par le biais de l’homme d’affaires Jean-Yves Ollivier. Denard obtient aussi la promesse qu’il ne sera pas poursuivi par la justice.

En Afrique du Sud, puis en France où il est retourné ; il prépare minutieusement un énième renversement du nouveau chef d’Etat avec la collaboration des services secrets français. Dans la nuit du 27 au 28 septembre 1995, il débarque à Moroni (Capitale des Comores) dans un Zodiac avec une trentaine de mercenaires et renverse le Président Said Mohamed Djohar. Et un pantin de Paris est installé.

Bob Denard a été dans la majorité des sales coups de la France en Afrique. Il a même participé au génocide Rwandais en 1994 aux côtés des génocidaires hutu et a été grassement réénuméré pour ses services.

Notons qu’à chaque fois qu’il a été poursuivi en justice, les services secrets français ont témoigné en sa faveur et lui ont fait éviter la prison.

De retour en France métropolitaine, il fait face à une série d’ennuis judiciaires du fait de son passé de corsaire de la République. Sa santé devient très chancelante. Il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Le « chien de guerre » n’était alors plus qu’une loque humaine, un vieillard fragile et épuisé. En 2006, il avait écopé d’une peine de quatre ans de prison dont trois avec sursis, assortie d’une mise à l’épreuve, ainsi qu’à une amende de 100.000 euros pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ». Une pléthore d’affaires judiciaires pesait sur sa tête. Il sera ruiné et va perdre tout le fric qu’il avait amassé à tel point que vers la fin de sa vie, il n’a vécu qu’avec 250 euros par mois ; correspondant à sa retraite d’ancien soldat de la guerre d’Indochine. Il n’était même plus capable de rémunérer des avocats pour assurer sa défense.

Souffrant de la maladie d’Alzheimer, il ne peut assister à ses procès. Il meurt comme un rat, d’un arrêt cardiaque le 13 octobre 2007 dans le dénuement le plus total, emportant avec lui ses secrets.

Il a écrit un livre : « Le Corsaire de la République ». Mais ce livre est une ode à sa gloire et ne reflète pas la réalité.

Il aimait affirmer : « Je suis un africain blanc et j’ai du sang noir dans les veines. Beaucoup d’africaines m’ont donné des enfants ; c’est un lien sacré ». Effectivement, il a eu beaucoup d’enfants en Afrique !

Arol KETCH
Rat des archives
Fourmi Magnan égarée

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