Afrique

L’OPPOSITION REMPORTE L’ÉLECTION EN ZAMBIE ET INFLIGE UNE LEÇON AU CAMEROUN

L’élection présidentielle a eu lieu en Zambie il y a quelques jours. Il y avait près de 18 candidats, mais tout le monde savait que 98% des voix seraient réparties entre les deux principaux candidats, le Président sortant Edgar Lungu, 64 ans, et son rival, l’homme d’affaires autodidacte Hakainde Hichilema, 59 ans.

Au moins trois faits majeurs pourraient intéresser les camerounais dans cette élection.
1. Ce matin, 15 août, 3 jours après le scrutin, à la Une du Quotidien national zambien on peut lire le titre suivant :

« Élections en Zambie: l’opposant Hichilema en tête. Selon des résultats partiels publiés dans la nuit de samedi à dimanche, l’opposant zambien Hakainde Hichilema est en tête de la présidentielle face au président sortant Edgar Lungu. »
2. C’est le camp du président qui crie que le scrutin n’a pas été « free and fair ».
Voici l’extrait d’un article phare paru dans le journal gouvernemental :

« Recours possibles
En tout, sept millions de Zambiens étaient inscrits sur les listes électorales, dont la majorité a moins de 35 ans, sur une population de 17 millions de personnes.

En fin de journée, un communiqué de la présidence a affirmé que le parti au pouvoir réfléchissait à des recours possibles dans trois provinces où le chef de l’État a ordonné un renfort militaire au lendemain de l’élection. Le vote y a été « caractérisé par des violences », rendant « l’exercice nul», selon ce texte.»
C’est donc la Présidence et le président encore en poste qui se plaint et déclare que les élections étaient émaillées de violences et donc nulles dans trois régions !

3. Pour intimider les électeurs et l’opposition, le Président a ordonné à l’armée de se déployer dans trois régions du pays. Le Président de la Commission Electorale et le Président du Conseil Constitutionnel ont sommé le Président de la République Lungu d’ordonner immédiatement le retour de l’armée dans les casernes. Il n’y a, selon eux, aucune crise justifiant le déploiement de l’armée. L’armée est rentrée dans les casernes. Le Président s’est exécuté.

Rappelons que dans ce pays, l’ex président Tchiluba aujourd’hui décédé avait tenté de modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir. Son propre parti politique l’avait déposé. Il a vécu reclus dans la honte et l’humiliation jusqu’à sa mort. Voici l’extrait d’un article paru dans le journal gouvernemental au moment de ses obsèques :

 

« Fraud conviction
Mr Chiluba led protests which forced former President Kenneth Kaunda to end one-party rule and then defeated Mr Kaunda in 1991 elections.

He also opened up Zambia to foreign investors.
But he was mired in corruption scandals and was accused of taking an authoritarian approach to his political opponents, firing critical colleagues and jailing outspoken journalists.

He attempted to alter the constitution so he could run for a third term in office in 2001, but stood down after huge public protests.
Mr Chiluba was prosecuted for alleged embezzlement in 2002 but acquitted after a six-year trial.

In 2007, he was convicted of fraud by a London court and ordered to repay $58m (£36m) in embezzled funds, but the ruling was never enforced in Zambia.

He spent his final years at his residence in Lusaka, confined by ill health and the confiscation of his passport by the authorities. »
Comment font les Zambiens pour être si différents de nous ? Comment font-ils ?
Comment ont fait les Rwandais pour se passer de la France, de Le Drian, de Macron, de Total, De Bolloré, du groupe Lafarge ?

En 1994, dans le cadre des travaux de recherche, j’ai visité la Tunisie et son histoire m’a sidéré. Pendant que j’y étais, le gouvernement a décidé de faire de l’arabe la seule langue officielle, de donner priorité à l’anglais et de faire du français une langue optionnelle. Savez-vous qu’à Tunis un policier dans un carrefour ne parle pas français ? Tunis est à une heure d’avion de Paris !

Savez-vous que Bourguiba avait transformé toutes les églises en mosquées ? racheté les plantations des colons français pour les redistribuer aux tunisiens et invité les français à rentrer chez eux ? sorti la Tunisie de la zone CFA et instauré une monnaie locale, le dinar, géré entièrement par la banque centrale tunisienne ?

Demain, au Cameroun, le vrai débat ne sera plus de savoir si un bamiléké sera Président ou non dans ce pays. Il y aura deux camps clairs et bien tranchés. Ceux qui pensent que le Cameroun doit être fédéral, géré ici et pas à Paris, avec une monnaie locale, nationale, une banque centrale loin, très loin du franc cfa et de l’Eco Macron, et ceux qui iront pleurnicher à Paris.

Ce sera ça le vrai débat, celui de la dignité, de la souveraineté et de la prise en main de notre destin par notre travail et notre manière de gérer nos ressources pour le bien-être de tous. Et sur cette question, peut être que la crise anglophone nous aidera à tracer une ligne de démarcation nette et claire entre les « patriotes » et les autres.

Charles SOH

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