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 » J’AI DEUX DOCTORATS ET LES AGRÉGATIONS

Après Nyangono, il faut qu’un producteur s’interesse à ces  » doctas et profs  » des plateaux TV !

Il y’a une chose qui m’a frappé, en 2002 au cours de mon année de diplôme à l’Institut français de presse de l’Université de Paris 2 Assas : aucune des sommités des sciences de l’Information et de la Communication, Francis Balle, Nadine Toussaint Desmoulins, Mattelart, Wolton…,malgré tous leurs defauts, ne nous parlait de ses titres. Tout comme dans les emissions tv, ils se limitaient à proposer et formuler leurs analyses.

Et pourtant, Dieu seul savait la profusion de parchemins en tous genres qui les légitimaient en partie. Tout était dans la qualité de leurs enseignements, composite de cours magistraux et de seminaires de recherche de haut niveau. Un appendice de leurs travaux qui se declinaient sous la forme de livres, ouvrages theoriques, manuels, traités, alors breviaires sous nos cieux.

Songez donc, ceux-là meme qui avaient enseigné mes maîtres de l’Esstic à Yaoundé, dirigé leurs thèses de doctorat et supervisé leurs travaux d’habilitation à diriger des recherches, le fameux HDR qui confère le titre de professeur au Cameroun, avaient la sobriété des clercs. Hardis, audacieux et opiniatres dans leurs travaux, ils n’avaient guere besoin de la ramener sur leurs titres.

Bien des années après, un scenario identique à Sciences Po Paris ou au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques, dans les domaines de l’evaluation des politiques publiques, des relations internationales et de la geopolitique. Les enseignants d’un certain calibre, que j’ai eus en Master ou dans les seminaires de PhD, étaient tout aussi peu diserts sur leur pedigree en amphi comme dans les medias. Et pourtant, ces figures de la recherche aux multiples lauriers, certains Nobelisables, avaient des titres longs comme le cours du Nil et un savoir aussi profond que le lit de la Seine.

Mais, aussitot que je zappe sur une chaine de mon pays, que je tombe sur une emission de débats, je suis frappé de stupeur : des panelistes du type Messanga Nyamding et bien d’autres, en lieu et place d’analyses et de points de vue, vous bouchent les tympans avec qui des agregations, qui des doctorats à la pelle, qui des titres de gloire academique sans que vous ne retrouviez dans une revue ou librairie scientifique ou specialisee le moindre de leurs articles ou ouvrages.

A cela, il faut ajouter cette tendance à utiliser des arguments d’autorite tel un Alassane Ouattara sur le perron de l’Elysee au sujet du Cfa ou cette tendance à ne citer que les auteurs grecs, latins et occidentaux sur les plateaux pour donner la preuve risible d’un haut niveau de maitrise du sujet et d’education. Pauvre savoir d’Afrique !

Cela releve, de mon point de vue, d’une profonde crise psychologique, morale et ethique dont nos clercs sont les vecteurs. D’un syndrome aussi : celui du borgne, dont sont victimes ceux qui croient briller au milieu des aveugles. Ceux-là même qui font usage des capitaux et ressources culturelles et intellectuelles dont ils sont dotes non pas pour trouver des solutions à nos défis et decrypter les enjeux, mais jouer des muscles au quartier ou peu ont franchi la classe de 3e ou defier Jean de Dieu Momo, sur une chanson juive ou un Tchamassi, au concours de la veste retournee dont le lot est un strapontin. Ou Nyangono à celui du pitre le plus célèbre et à succes de la République.

Abdelaziz Mounde

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